Suite à la table ronde co-organisée par la Banque Populaire Auvergne-Rhône-Alpes, le cabinet Mazars, Inria et le Tarmac le 14 février dernier, voici une rapide synthèse des bonnes pratiques en matière de valorisation et de levée de fonds.
La valo : de quoi parle-t-on, comment l’estimer, quels pièges éviter ?
Quand on parle de valorisation, il s’agit de bien distinguer deux notions différentes, bien que partiellement complémentaires :
- La valorisation des technologies issues de la Recherche (transfert de technologie), dont le coût de transfert est calculé par les instituts de valo (SATTs, Inria, floralis …) sur la base de plusieurs critères dont certains sont directement liés à la technologie (type de licence et niveau d’exclusivité par exemple, coût humain de la Recherche, etc), et d’autres fondés sur les potentiels marchés que la technologie ouvre.
- La valorisation d’une entreprise est le moyen par lequel on estime la valeur d’une entreprise lors d’une levée de fonds, soit en pré-money, soit en post-money. Ce calcul de la valo est toujours complexe et combine souvent plusieurs méthodes qui se fondent à la fois sur la PI (et donc le résultat de la valorisation au sens 1 et/ou de la R&D déjà aux actifs de l’entreprise, intéressants en terme de barrières d’entrée), et sur des critères beaucoup plus liés au BP (équipe, adéquation produit / marché, perspectives de CA, etc) et aux ratios financiers (cash burn et burn rate).
Dans tous les cas, le principal piège à éviter côté startup est celui de la survalorisation au premier tour de table.
En effet, si les dirigeants ont peur de la dilution, et se sentent lésés par une valorisation jugée trop faible au premier tour qui les dilue plus qu’ils ne le souhaiteraient, il ne faut pas oublier que
- Le premier tour de table sera nécessairement suivi d’autres où ils pourront se « reluer » s’ils ont atteint ou dépassé leur BP, alors qu’il sera très difficile de réaliser un second tour de table avec un BP décalé et des problèmes de trésorerie qui nécessite de revoir la valo initiale à la baisse
- Toute négociation doit être gagnante / gagnante pour toutes les parties sur le long terme
- Il est tout aussi (voire bien plus) important de bien regarder les conditions du pacte d’actionnaires, qui peuvent en contrepartie d’une valo trop élevée comprendre des clauses drastiques pour les fondateurs
Levée de fonds : pour qui, à quelle étape et comment ?
La levée de fonds n’est qu’une étape (non obligatoire et pas forcément adaptée à tous les business models) de la stratégie de financement globale d’une entreprise qui combine les financements publics pour la R&D, les VC pour l’accélération commerciale et industrielle, la dette bancaire pour le BFR ET le CA, qui doit rester l’objectif premier de toute entreprise.
La levée de fonds est une étape clé pour le modèle startup au sens strict, qui a besoin d’un accès rapide à un marché international qu’un développement classique en mode PME ne lui permettrait pas : c’est donc l’accélération que permet la levée de fonds aux modèles qui s’y prêtent (c’est-à-dire aux startups ambitieuses avec une croissance rapide capable de conquérir rapidement un marché important avec une valorisation rapide qui permettra aux premiers investisseurs de sortir sur les prochains tours).
Car qui dit levée de fonds, dit forcément exit, avec 3 sorties possibles :
- D’autres VC qui prennent le relais
- Un rachat total par un industriel (corporate leader)
- Ou une entrée en bourse.
Il existe donc plusieurs catégories de fonds pour couvrir les premières étapes : fond d’amorçage, capitaux risqueurs, fonds de développement. Il convient de bien les choisir, en fonction du stade de maturité sur lequel ils interviennent, mais aussi de leurs secteurs d’activités et des montants investis. Sans oublier de regarder les entreprises dans lesquelles les fonds visés ont déjà investi, voire les industriels qui ont investi dans le fonds.
En terme de timing, une levée de fonds prend de 12 à 18 mois, avec des étapes clés : voir nos articles sur la levée de fonds
Les conseils :
- Intégrer la levée de fonds dans sa stratégie globale d’entreprise (et vérifier l’alignement des co-fondateurs sur cette stratégie)
- Se faire accompagner et bien choisir ses partenaires
- Ne pas sous-estimer le temps et l’énergie à consacrer
- Ne jamais oublier l’importance de … la traction marché !