Parce qu’elle souhaite proposer des sujets qui touchent tout un chacun en amenant à une réflexion aussi bien personnelle que sociétale, la commission innovation sociale a décidé, jeudi 25 juin, de briser les tabous. C’est avec pudeur et beaucoup d’émotions que les trois intervenants à l’atelier « entreprises et salariés, co-acteurs d’une fin de collaboration, est-ce possible ?' » ont confié leur expérience de rupture, ou d’accompagnement à la rupture.
Cet atelier a permis d’aborder la fin de collaboration sous trois angles différents : celui du dirigeant, qui a mené des plans de licenciement, celui de la coach, qui l’a accompagné, ou encore celui d’une ancienne dirigeante qui a dû faire face à la violence d’une rupture à laquelle elle n’était pas préparée.
Face aux changements organisationnels, que ce soit la délocalisation ou la concurrence féroce, la sécurité n’est plus : les entreprises doivent s’adapter et parfois mettre en place des plans sociaux, qui, même s’ils sont économiquement « justifiables », ne le sont humainement pas. C’est ce que nous rappelle Didier Bougnol qui a mené au sein de son entreprise deux plans sociaux. « Pour moi, ça a été un traumatisme. Il fallait qu’on construise l’avenir même si les raisons des fermetures n’étaient pas forcément mauvaises. Je sais que je dois le faire. Mais je vais le faire du mieux possible« . Dans la mise en place de ces actions difficiles, le dirigeant se retrouve souvent seul. Il se doit de garder ceux qui restent motivés, d’améliorer l’employabilité des personnes qui partent.
C’est alors qu’intervient Véronique Brenner, consultante RH, qui accompagne ceux et celles qui sont confrontés à des plans sociaux, qu’ils soient salariés ou dirigeants. Il est bien possible d’aller au delà du cadre légal : anticiper les ruptures, rester transparent et offrir un accompagnement sur-mesure aux salariés, telles sont les préconisations de Véronique Brenner qui souligne qu’il est nécessaire de « rester ouvert sur les dispositifs à inventer« .
La richesse des ateliers innovation sociale réside dans les échanges créés par la variété des profils et des ressentis de chacun des participants. Le témoignage de Jacqueline Huet, ingénieur de formation et ancienne dirigeante, a permis de mettre en exergue le fait que personne n’est pas épargné, pas même les dirigeants, mais aussi la violence émotionnelle que créé le licenciement « Je ne voulais pas partir, je n’avais pas pu envisager qu’il m’arrive ça un jour. J’avais confiance en moi… mais quand il vous arrive ça, vous n’êtes plus rien. Je me suis sentie très seule« . Après la solitude, l’absence d’accompagnement, certains nouveaux départs avortés, Jacqueline Huet a pris le temps de reconstruire son projet professionnel, de se créer un nouveau réseau « Maintenant, j’ai moins peur » conclut-elle.
Les participants ont pu à leur tour expliquer leurs parcours et différentes expériences.
Le prochain atelier innovation sociale aura lieu à l’automne : nous vous tiendrons informés !
Didier Bougnol et Véronique Brenner |
Jacqueline Huet, Didier Bougnol et Véronique Brenner |