En moins de quatre ans, elle a réussi le tour de force de multiplier par dix ses effectifs, de prendre son envol des pistes du Tarmac à l’automne 2020 pour s’installer sur le site de Cemoi à Grenoble tout en levant 8,6 M€ auprès de la Commission Européenne. La startup deeptech TiHive développe une solution d’inspection basée sur la technologie térahertz et de l’intelligence artificielle destinée à renforcer le contrôle qualité des chaînes de production industrielles. L’entreprise entre aujourd’hui en phase de pré-industrialisation et se donne comme objectif la réalisation de 1 M€ de chiffre d’affaires en 2022 et de plusieurs centaines de millions d’euros d’ici cinq ans.
Optimiser la qualité des produits tout au long du process de fabrication, tout en réduisant les déchets, c’est le pari ambitieux de TiHive. La startup deeptech fondée en août 2017 par trois entrepreneurs (Hani Sherry, Carlos Prada et Nicolas Beaudouin) au profil atypique et international développe une solution de rupture, unique au monde, utilisant les ondes térahertz. Quatre ans après sa création, la pépite entre en phase de pré-industrialisation de sa solution en Europe.
Des objectifs commerciaux de plusieurs centaines de millions d’euros d’ici cinq ans
« Nous avons déjà produits, en mode fabless, une centaine de nos caméras et de nos sources térahertz. Nous envisageons le passage à l’échelle industrielle d’ici 2022. Cette année, nous concentrons nos efforts sur l’optimisation des coûts, la supply chain et la stratégie de déploiement », confie Hani Sherry, président et cofondateur de la startup. Afin de faciliter l’adoption de son offre, TiHive a mis au point un programme Early Access qui permet à cinq industriels sélectionnés de tester en avant-première l’industrialisation de leur solution en bêta. « Cela nous permettra d’être en place sur des lignes de production d’ici la fin de l’année avant de passer en phase de déploiement en volume avec des équipes assurant l’installation de notre solution chez les clients et le SAV ». Et de poursuivre : « nous disposons d’un laboratoire térahertz dans nos locaux, financé en partie par la Commission Européenne. Ces équipements permettent de proposer des services d’évaluation de notre système pour les industriels en quête de solution d’inspection autour de matériaux ou de cas d’usages. Notre offre complète, composée d’émetteurs, de récepteurs, de caméras térahertz associées à des algorithmes de deep learning pour l’analyse des images captées en temps réel, sera proposée sous la forme d’abonnement de service ». Portée par l’international, la startup qui compte 20 collaborateurs envisage un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers d’euros cette année avant d’atteindre le million d’euros d’ici 2022 et de le doubler l’année suivante.
Une technologie disruptive unique en passe de devenir un nouveau standard de l’inspection industrielle
Dans un premier temps, TiHive s’est concentrée sur l’élaboration de sa solution en commençant par l’architecture des puces fabriquées chez des «Semiconductor foundries » comme STMicroelectronics. « Notre brique technologique repose tant sur de l’électronique, l’optique, la mécanique, les systèmes de contrôles, que l’élaboration d’algorithmes d’intelligence artificielle, en passant par le big data. Nous sommes fullstack software et hardware ! » souligne Hani Sherry. Maîtrisant la chaîne de valeur de bout en bout, le projet de la jeune pousse a attiré la Commission Européenne en obtenant une première levée de fonds en 2020 de 8,6 M€, dont 2,3 M€ de subventions et 6,3 M€ en equity. Cet investissement permettra la mise sur le marché de la solution ainsi que l’industrialisation de l’offre. « Nous avons débuté la pré-industrialisation en Europe. Notre solution aura des impacts économiques et environnementaux significatifs sur les chaînes de production des industriels ». En effet aujourd’hui, le contrôle qualité s’effectue, bien souvent, en bout de chaîne, occasionnant des pertes tant au niveau de l’usage des matières premières qu’au coût financier engendré par la relance d’une production pour remplacer le lot défaillant. Avec la solution de TiHive, le contrôle s’effectue tout au long de la production, et ce, de manière non-invasive pour le processus en place. « Les ondes Térahertz traversent les matières, sont insensibles aux variables environnementales comme la température… là où l’efficacité des rayons X laisse à désirer en raison de son rayonnement électromagnétique, son caractère encombrant et ses limitations caractéristiques intrinsèques ». Au total, c’est plusieurs milliards de tonnes de déchets dans le monde qui pourront être drastiquement réduits en adoptant cette solution, sans oublier l’optimisation des ressources en eau et en électricité.
Et les applications, hors industrie, s’avèrent nombreuses. « La technologie térahertz a démarré avec l’astronomie, certaines galaxies transmettent ces ondes. Nous savons également que la 6G utilisera le térahertz pour communiquer. Les applications médicales ou pharmaceutiques pourront en bénéficier pour détecter le glucose dans le sang, les cancers in vivo. Le secteur automobile ne sera pas en reste pour la détection des personnes ou objets dans des situations de visibilité réduites (brouillard, fumées, etc.) dans les futures voitures autonomes ». « C’est un nouveau standard de monitoring qualité industriel que nous développons ! »