Née du rachat de la division Énergie d’Alstom par General Electric, NPC SYSTEM poursuit l’activité historique de ‘’satellite tracking’’. Des installations critiques qui sont notamment utilisées à Kourou par Arianespace, par Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space … L’entreprise, en pleine croissance, se lance dans le développement d’un récepteur de balise pour leurs systèmes de poursuite satellites et s’équipe d’un banc de simulation des systèmes de régulation.
Lorsque l’on pénètre dans les arcanes de NPC SYSTEM, c’est comme une plongée dans l’histoire, celle des satellites et de NEYRPIC qui s’opère. Il faut dire que le système mis au point pour la poursuite satellitaire a fait ses preuves dès les années 1960 ou les ateliers martinérois de NEYRPIC (anciennement NBPP ; Neyret-Beylier et Piccard-Pictet) ont assuré la conception et la construction des paraboles de Pleumeur-Bodou en Bretagne, à partir de la PB2 permettant de suivre les satellites à défilement comme géostationnaires. Une prouesse pour l’époque faisant tout juste suite à la parabole américaine, l’antenne cornet PB1 surnommé la « Grande Oreille » et mise en service en 1962, celle-là même qui assura la première transmission en mondovision de la première transmission télévisée via le satellite Telstar. Le savoir-faire de NPC SYSTEM ne date pas d’aujourd’hui. Fondée par des anciens d’Alstom (ex-Neyrpic) suite au rachat par General Electric en 2015 de la division d’énergie d’Alstom, NPC SYSTEM a repris ce secteur stratégique après bien des tractations. L’histoire de NPC SYSTEM débute en février 2017. « Après 23 mois de discussions avec General Electric, un premier refus essuyé, il a fallu aller « pitcher » notre dossier à Paris devant une assemblée d’énarques et de dirigeants durant l’été 2018. Nous avons eu finalement gain de cause. Un accord de cessation a été ratifié le 24 janvier 2019 contractualisant le rachat des activités satellitaires d’Alstom, mais aussi celles de conception de cartes électroniques de régulation pour la marine et le secteur de l’énergie », confie Guy Ferraro, son fondateur. L’entité NPC SYSTEM créée en juin 2018 avec trois anciens salariés d’Alstom et un investisseur privé, accompagné par le CIC afin de financer le fonds de roulement, pouvait alors démarrer pleinement.
Plus de cinquante ans dans la poursuite satellite
Fleuron français des systèmes de poursuite satellitaire, NPC SYSTSEM fait perdurer cette expertise longuement acquise et de renommée internationale. « Sur les 27 000 installations satellitaires dans le monde, nous équipons près de 900 sites répartis dans 70 pays ». Car la particularité de la jeune pépite réside dans ses briques technologiques. « Nous disposons d’algorithmes éprouvés qui permettent le tracking de n’importe quels types de satellites afin d’assurer une position de l’antenne optimale pour maximiser la communication avec le satellite ». Qu’il soit en orbite géostationnaire, à défilement (en orbite basse, parcourant le tour de la terre en 1h-1h30) ou encore en moyen orbite, la technologie NEYRPIC, qui poursuit son développement par NPC SYSTEM, offre la possibilité de les suivre à tout instant. « Nous équipons la plupart des antennes de l’administration française ». Couplé à une parabole, le système permet de l’aligner sur le satellite ciblé pour assurer la liaison, recevoir des informations, réaliser des mises à jour, mais aussi le diriger. Mieux ! « Nos systèmes font de la poursuite monopulse en continu. Ils suivent les satellites quand ils sont sur la fusée ce qui permet de commander précisément leur libération à la bonne orbite. Nos solutions sont notamment utilisées à Kourou par Arianespace ». La grande force de NPC SYSTEM réside dans sa technologie qui peut s’interfacer avec n’importe quelle antenne contrairement à ses concurrents et à ses algorithmes bâtis sur des applicatifs maisons tournant sur des systèmes GNU/Linux. « Nos concurrents (CPI Satcom, Viasat) ont des systèmes qui ne tournent que sur certains types d’antennes qu’ils commercialisent ». En quelques mois, l’entreprise a pris un essor considérable cumulant des contacts dans différentes villes du monde entier, de Washington à Las Vegas en passant par Singapour, Pékin, la Russie, l’Australie, les Pays-Bas ou encore Bangkok et plus largement l’Asie Pacifique. « Nous avons installé nos systèmes en Italie, Norvège et Espagne dernièrement ».
Vers un récepteur de balise satellitaire made in France
Comptant huit personnes, la société qui est passée d’un chiffre d’affaires de 936 000 € en 2019 à 3 M€ en 2020 ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Nous consacrons une partie importante de nos ressources sur le développement d’un nouveau projet portant sur la conception d’un récepteur de balise. Il n’existe qu’une poignée d’entreprises capables de les réaliser et les systèmes existants sur le marché ne sont pas aussi performants qu’ils devraient l’être ». Ces récepteurs sont des équipements critiques pour l’activité satellite qui connaît une forte expansion ces dernières années. Elles donnent le signal de référence qui est ensuite utilisé par les algorithmes de poursuites. « Nous solliciterons nos clients historiques comme l’opérateur satellite français EUTELSAT, pour nous aider à paramétrer finement notre récepteur de balise». Un projet qui intéresse vivement OneWeb (ex-WorldVu), un programme débuté en 2014 de constellation de près de 1000 satellites en orbite basse destinée à fournir un accès internet haut débit partout dans le monde.
Mais pas que ! « Aujourd’hui, les récepteurs sont américains. Avec cette innovation, nous ne dépendrons plus de ces systèmes. Ces récepteurs utilisent les radiofréquences, traitent le signal de balise émis par les satellites pour l’identifier. Ce signal est capté par le récepteur qui le convertit en signal analogique par divers procédés de traitement de signal. C’est sur ce signal converti et transmis par le récepteur que les algorithmes implantés dans notre contrôleur d’antenne assurent une poursuite fiable et précise ». C’est pour cette raison que NPC SYSTEM a investi l’an dernier dans du matériel haut de gamme en radiofréquence pour initier le développement dès cette année de son récepteur de balise. « Nous allons l’inclure, par la suite, dans notre offre avec un prix situé entre 10 000 € à 30 000 €. La durée de vie d’un satellite dépend de sa capacité à conserver la bonne trajectoire, d’où l’intérêt de connaître précisément l’évolution de cette trajectoire, c’est là l’atout de notre solution ! »
Capter le signal des nanosatellites
En parallèle, l’entreprise poursuit sa collaboration avec le centre spatial universitaire de Grenoble (CSUG) dans le cadre de la poursuite de nanosatellites. « Nous allons développer et mettre à disposition une petite antenne de 1,8 m de diamètre équipé de nos solutions de tracking pour que les étudiants puissent suivre ces satellites visibles que 10 à 20 minutes par jour, évoluant rapidement en orbite basse, tout en permettant de récupérer les données transmises ». Une expérience qui ouvre la voie à de nouveaux débouchés en particulier sur la poursuite de nanosatellites. « L’objectif consiste à suivre un satellite sur une trajectoire donnée d’une station au sol paramétrée avec les éphémérides de la trajectoire du satellite à suivre, un nouveau marché pour nous ou 1000 smallsat devraient être lancés chaque année ! »
L’entreprise dispose de deux autres activités l’une dans le secteur de l’énergie, l’autre dans la marine avec la conception de cartes électroniques de régulation. Des composants critiques pour lesquels elle se dote d’un banc de simulation afin de reproduire les éventuels dysfonctionnements, mais aussi pour former de nouveaux collaborateurs afin de faire perdurer leur savoir-faire. Ce banc pourrait servir à reconcevoir ces cartes « iso-fonctionnelles » avec des composants plus actuels pour éviter leur obsolescence et s’affranchir de leurs prix devant leur rareté.
NPC System rejoint le réseau inovallée
Et parce qu’il n’est pas toujours facile pour un dirigeant de rester seul face à ses challenges, Guy Ferraro a choisi de rejoindre le résau inovallée pour bénéficier de l’appui de son équipe opérationnelle et de son vaste réseau de dirigeants avec qui partager.