D’une idée « vendue » sur powerpoint à l’industrialisation de leur premier véritable radiateur connecté sur batterie, rétrospective pleine de sagesse et d’humour sur l’aventure Lancey …
« Nos clients ont fait 50% de notre travail en validant dès le début la valeur de notre proposition »
Une aventure commencée en 2015, quand Raphaël Meyer et Gilles Moreau se rencontrent à Beyond Labs et rêvent d’un radiateur connecté sur batterie capable de stocker l’énergie en période creuse et de délester le réseau au moment des pics. Une double proposition de valeur pour les clients finaux qui peuvent réaliser une économie de 50% sur leurs factures d’électricité, et pour les gestionnaires de réseau grâce aux possibilités d’effacement. Bonus : la possibilité de faire du chauffage électrique une énergie verte grâce à la compatibilité avec les énergies renouvelables, par nature intermittentes.
Et nos deux compères croient assez en ce rêve que d’aucuns diront fou pour convaincre leurs premiers clients sur la base de simples slides, validant ainsi la valeur de leur proposition avant même leur première preuve de concept (POC).
« Coûts / délai / qualité : il faut savoir choisir et renoncer ! »
Et les voilà partis dans l’aventure, « en naïfs » souligne Gilles Moreau. « Nous avions un délai : l’obligation d’installer nos 100 premiers radiateurs 9 mois plus tard, en novembre 2016. On n’avait pas le choix, il fallait aller vite. Dans le triptique délai / coût / qualité, pour la V0 on avait résolument choisi le délai, en faisant au mieux pour le reste… On avait bien identifié toutes les étapes du projet dans notre GANTT initial, mais … largement sous-estimé la difficulté de certaines ! Dans la réalité, nous avons enchaîné les galères. L’électronique a d’abord été un vrai problème et sans Captronic et l’arrivée dans l’équipe de Piere Schefler, on n’aurait sans doute pas réussi à développer notre carte ! Les homologations ont été un parcours du combattant. Pour les tests et la fabrication, c’est Phelma qui nous a prêté le matériel et permis de travailler jusqu’à 4h du matin pour résoudre nos défis. Pour la V0, nous n’avions pas le temps de concevoir notre radiateur, donc nous les avons achetés sur le marché et modifié, pour intégrer notre batterie et notre module de connectivité. Mais on n’avait pas pensé que 100 radiateurs nécessiteraient … des capacités de stockage ! Heureusement, nous avons trouvé de la souplesse au Tarmac pour stocker notre matériel dans les couloirs et nos amis startupers ont eu la patience de supporter nos perceuses à côté de leurs bureaux ! ».
« Chaque difficulté n’est qu’un problème à résoudre et … l’occasion de déposer un brevet ! »
Une belle aventure, technologique et surtout humaine, et au final, un challenge relevé avec brio puisque les 100 radiateurs sont installés au trident pour la métropole, à Grenoble Habitat et à l’Opac 38 … quasi dans les temps ! La recette du succès ? « Ne jamais rien lâcher ! Tout ce qui semble impossible n’est qu’un problème à résoudre et dépend de l’énergie qu’on y met et des compétences dont on s’entoure. Surtout, chaque problème résolu est l’occasion de déposer un brevet ! ». On comprend pourquoi Lancey en a déjà 7 dans les tuyaux à ce jour …
Et la petite équipe a bien grandi : ils étaient 2 dans les locaux du Tarmac pour démarrer en Janvier 2016. Ils étaient 5 à intégrer les locaux de Phelma en janvier 2017. Ils sont 10 à présent à avoir rejoint l’accélérateur industriel de ST pour sortir leur vrai premier produit. Un radiateur 100% Lancey et 100% made in France, essentiellement grâce à des partenaires locaux, et une nouvelle priorité pour la V1 : la qualité.
Une qualité et une proposition de valeur qui viennent de valoir aux radiateurs de Lancey Energy Storage d’être élus « Best of Innovation 2018 » aux CES Awards, dans la catégorie Home Appliance. Rt en 2018, c’est avec Business France que Lancey Energy embarquera pour Las vegas, avec 24 autres startup sélectionnées pour représenter le meilleur de la Tech francçaise…
« Quand on ne peut pas se permettre d’être stratège, il faut être tacticien … »
Conclusion de ce parcours réussi d’industrialisation : « nous n’avons pas été des stratèges mais des tacticiens. Quand on est une startup et qu’on se lance, on n’a pas forcément les moyens de tout anticiper à long terme, mais on doit réagir vite et bien dans la bataille ! », conclut Gilles. « Et si tous les métiers de n’apprennent pas et qu’il est important de ne pas sous-estimer certaines étapes, le plus important est de savoir s’entourer (et écouter !) et de ne jamais perdre espoir. Il faut tout essayer et ne pas avoir peur de provoquer sa chance ! ».