Le 12 mai dernier, les membres du comité de sélection du Tarmac, composé des acteurs de l’écosystème de l’innovation, financeurs, collectivités, ou encore, entrepreneurs du Tarmac, se sont rassemblés pour challenger quatre nouveaux projets. Car, malgré la crise sanitaire qui se poursuit et son impact économique indéniable, l’envie d’entreprendre reste forte et l’attractivité du Tarmac ne se dément pas. Sur les quatre projets audités, trois ont été retenus : Wind Fisher, déjà membre de la communauté Tarmac via le programme « Hors les murs », My Smart Move et Catarsi, future spin-off d’AII Medical, qui devraient rejoindre d’ici septembre l’aile du Tarmac située à Montbonnot.
Wind Fisher : les éoliennes aéroportées pour la production d’énergie électrique
L’un des avantages majeurs de l’énergie éolienne est son faible coût au kilowatt par rapport aux autres sources d’énergie renouvelable. Par ailleurs, le principe même d’une éolienne fait que la surface au sol nécessaire pour produire de l’énergie est relativement faible, à la différence de l’énergie solaire, dont les panneaux photovoltaïques occupent une vaste superficie pour une puissance maximale limitée. Le problème ? Les sites pour installer ces éoliennes se font de plus en plus rares, entraînant une guerre d’achats des terrains sur les sites ventés et proches des réseaux. Alors comment combiner les bénéfices des éoliennes tout en couvrant des zones moyennement ventées ?
C’est à cette problématique que s’attaque la future startup, en cours de création, Wind Fisher. Celle-ci conçoit et fabrique des éoliennes aéroportées à effet Magnus. Ces cerfs-volants innovants, à aile cylindrique en rotation, captent l’énergie du vent efficacement et produisent de l’électricité au niveau du sol, via un treuil et un générateur électrique. Le système vole en vent de travers et optimise la portance de l’aile durant des phases de va-et-vient, sans se soucier du tangage. L’aérodynamique robuste du système, récemment breveté par Wind Fisher, devrait faciliter une production économique d’électricité en zones moyennement ventées, là où les éoliennes traditionnelles ne sont pas rentables.
Par rapport à la hauteur de mâts des éoliennes classiques, les éoliennes aéroportées de Wind Fisher présentent en effet l’avantage de capter un vent plus régulier et plus fort, ce qui permettrait de générer jusqu’à 50% de plus de production d’énergie annuelle grâce au vent de travers. Ce système utilise également seulement 10% de matières premières et ne nécessite pas de gros œuvre pour son installation, contrairement aux éoliennes traditionnelles dont le coût de construction est élevé, nécessitant l’intervention d’engins spéciaux pour le montage des mâts notamment. Wind Fisher visera dans un premier temps des marchés B2B, ciblés 35kW et 350kW (exploitations agricoles, îles, sites miniers, producteurs décentralisés, etc.).
MySmartMove, une solution complète au service du sport et de la rééducation
Le projet MySmartMove, incubé par Linksium et créé par Lucas Struber et Vincent Nougier, rejoints par la suite par Francis Laffet, est issu du laboratoire de recherche publique basé à Grenoble, TIMC « Techniques de l’Ingénierie Médicale et de la Complexité « , une Unité Mixte de Recherche commune à 4 établissements, le CNRS, l’UGA, Grenoble INP et Vetagro Sup. La solution développée par MySmartMove permet de créer un jumeau numérique de l’utilisateur à l’instant T et d’analyser de manière qualitative un mouvement, qu’il soit sportif, de rééducation, ou effectué dans le cadre d’une activité professionnelle. En résumé, la startup est capable de dresser en temps réel des bilans “biomécaniques”, c’est-à-dire de mesurer divers paramètres spécifiques issus du mouvement (orientations, forces, vitesses). A partir de feedbacks personnalisés, MySmartMove permet de définir des programmes spécifiques d’entrainement ou de rééducation, et de monitorer leur bonne réalisation.
MySmartMove permet ainsi de suivre l’évolution à long terme des utilisateurs pour visualiser finement le progression ou régression dans les différents aspects liés à leurs pratiques. Cette solution est composée de capteurs embarqués sur l’utilisateur permettant le recueil de données de mouvement, et d’un logiciel basé sur des algorithmes d’intelligence artificielle de traitement et de fusion de données. La technologie embarquée dans ce produit se base sur un brevet qui permet d’analyser les mouvements de segments corporels d’un coureur, et de l’informer sur la conformité et la qualité de son mouvement, par rapport à un mouvement de référence.
Amélioration du diagnostic, suivi à distance de l’athlète ou du patient, amélioration des performances… Dans un premier temps, MySmartMove compte adresser les applications du domaine du sport et de la rééducation, via les coachs et clubs sportifs, ou via les cabinets de kinésithérapeutes. Par la suite, elle pourrait s’attaquer aux marchés de la Prévention, afin de planifier la progression, maitriser la charge d’entrainement, corriger un geste technique défaillant pour, par exemple, prévenir les blessures ou les troubles musculosquelettiques.
CATARSI, la spin-off d’AII Medical, conçoit un dispositif dédié aux unités de soins et de réanimation
La future spin-off, baptisée CATARSI pour : CAThétérismeArtériel Radial en Soins Intensifs, a fait l’unanimité auprès du comité de sélection du Tarmac. Ce projet est né au sein du département Instrumentation Biomédicale de AII S.A.S, AII Medical, installé à Biopolis, qui se consacre aux systèmes embarqués destinés à l’acquisition et au traitement en temps réel de signaux physiologiques, comme les EMG de surface ou les signaux de pression artérielle mesurés par voie invasive.
Le dispositif développé par AII Medical, qui fera l’objet de la création de la spin-off CATARSI, cible les unités d’Anesthésie-Réanimation et Soins Intensifs des hôpitaux et cliniques. Dans ces services, la mesure de la pression artérielle et de ses indices dérivés (débit cardiaque notamment) est en effet l’un des paramètres essentiels au suivi des patients. Pourtant, cette mesure est régulièrement affectée par des distorsions (résonances, atténuation…) qui peuvent atteindre 28 % de la pression artérielle systolique. Ces défauts ont un impact direct sur le diagnostic et le traitement du patient. Ils entrainent de fausses alarmes qui nuisent à l’efficience du personnel soignant.
Le dispositif CATARSI apporte donc une solution innovante en s’intégrant dans les protocoles et les dispositifs actuels sans les modifier, en mode « Plug and Play ». Il assure une surveillance en continu de la qualité de la mesure de pression artérielle implantée au lit du patient. La création de la spin-off CATARSI est planifiée pour le début de l’année 2022, avec le démarrage de la valorisation du dispositif (études cliniques multicentriques à l’international, mise en place du réseau de commercialisation, etc.).
Le projet regroupe d’ores et déjà une équipe multidisciplinaire composée de chercheurs et cliniciens de l’UGA (laboratoire TIMC), du CHU de Grenoble et d’ingénieurs du département de AII sas, AII Medical. Les travaux engagés ont été financés par la Région (pour les partenaires académiques), la BPI et des investisseurs privés (pour AII medical). Ces travaux ont conduit à un dispositif breveté à l’international dont les premières éditions sont en voie de validation clinique et de marquage, prévus au cours de l’année 2021. Trois nouveaux projets à suivre de très près !