Arnaud Brun, co-fondateur de Tenevia, et son équipe, recevait le 22 juillet dernier une délégation technique
du Ministère de l’Eau de la République Populaire de Chine, chargée d’explorer les innovations technologiques européennes (notamment les technologies non intrusives d’analyses d’images) permettant à la Chine de relever ses challenges environnementaux. Mr Lu Yunyang, Haut Responsable du Ministère des Ressources en Eau et Directeur Général du « Nanjing Automation Institute of Water Conservancy and Hydrology » était ainsi accompagné de plusieurs experts et responsables Chinois lors de son voyage en Europe. Au programme, quatre étapes, quatre sociétés et quatre pays dont la Finlande, la Hollande, l’Autriche et la France puisque la délégation Chinoise s’est arrêtée à Grenoble pour découvrir les technologies de surveillance et prévisions environnementales de Tenevia. Valorisant à l’origine une technologie brevetée par le CNRS, la jeune société dispose aujourd’hui de 4 brevets internationaux. Ils ont été accueillis par Geneviève Fioraso, qui leur a rappelé l’exceptionnel dynamisme de l’écosystème grenoblois (5ème ville la plus innovante du monde), et son ouverture internationale forte.
Puis Arnaud Brun et William Castaings se sont relayés pour présenter plus en détail les technologies Tenevia, fondées sur une combinaison intelligente de l’analyse d’images et de la modélisation numérique, qui permettent (notamment) de balayer tout le cycle de l’eau, des nuages jusqu’aux cours d’eau, avec 5 solutions phares :
- CloudBoard, qui permet grâce à une analyse algorithmique des images du ciel et des nuages, de calculer leur vitesse de déplacement et leur direction, et d’en déduire l’impact sur la production d’énergie photovoltaïque. Une prévision importante pour les producteurs d’énergies renouvelables qui ont besoin d’anticiper les chutes de production, et pouvoir ainsi des solutions de compensations (ex : batteries industrielles) pour répondre aux besoins de stabilité du réseau électrique.
- SnowBoard, qui permet, toujours à partir d’analyses d’images, de monitorer en temps réel la dynamique de la couverture neigeuse et d’anticiper (entre autres) la quantité d’eau déversée dans les barrages (et donc la production hydro-électrique)
- HydroCore, une solution de modélisation hydrologique géo-référencée permettant d’optimiser la gestion des ressources en eau, de simuler l’impact hydrologique des changements climatiques ou des aménagements humains, de prévoir les risques …
- HydroAlert, une nouvelle solution qui s’appuie sur les résultats des données combinées de monitoring pour alerter rapidement et massivement les populations en cas d’alerte de crue au travers de différents médias (SMS, appels, e-mails, …).
- et RiverBoard, la solution phare de Tenevia, qui intéressait tout particulièrement le ministère chinois, et qui a fait l’objet d’une présentation détaillée avec visite sur site.
En effet, RiverBoard est une solution non intrusive de surveillance des cours d’eau qui s’appuie sur l’analyse d’images issues de caméras pour monitorer en temps réel la dynamique du ruisseau de montagne comme des grands fleuves nationaux. Ce système permet d’obtenir des informations à la fois sur l’évolution du niveau d’eau (et ainsi donner l’alerte en cas de montée trop importante ou au contraire d’étiage), mais aussi du débit à partir de mesures de vitesses de l’eau en surface. Grâce à des algorithmes performants exploitant un projecteur infra-rouge pour le fonctionnement de nuit, la gestion automatique des mouvements de la caméra liés au vent et une modélisation de la rivière, la solution fonctionne dans toutes les conditions (neige, pluie, brouillard, nuit …). « Utilisée sur l’Ardèche par les Services de l’Etat français, RiverBoard a permis en 5 jours seulement d’obtenir 20 fois plus de mesures que les solutions traditionnelles en 15 ans », souligne Arnaud Brun.
La visite sur site au campus de Saint Martin d’Hères, où une caméra associée à RiverBoard surveille en temps réel les évolutions de l’Isère, a fini de convaincre le ministère de Chine de la pertinence d’une telle solution pour leur pays, et on peut espérer la concrétisation d’un partenariat commercial à définir en 2017, qui serait une belle reconnaissance internationale du savoir-faire de la « French tech in the Alps » !
En attendant, Tenevia a déjà séduit de nombreux acteurs publics (de Météo France aux collectivités locales), des grands noms de l’industrie (comme la Compagnie Nationale du Rhône ou EDF), et des agences environnementales reconnues comme les parcs régionaux, l’observatoire de l’eau en montagne ou Asters. Et ses technologies lui ont valu de belles récompenses dont le prix Paul Louis Merlin et le trophée de la croissance verte du ministère de l’écologie français en 2014, le prix Damir Cemerin de l’ONU en 2015, et plus récemment les Innotrophées fin juin 2016.